Les américains considèrent la France comme une société des bisous, pour montrer l’importance des embrassades. Ce constant est encore plus flagrant dans les communautés spirituelles et/ou religieuses. Embrassades fraternelles, gestes affectifs, manifestations d’un soutien… montrent que l’interaction corporelle est un prolongement, une concrétisation de l’intensité des échanges interindividuels. D’ailleurs son évitement, souvent appelé « relation froide » attise le soupçon et/ou est l’expression d’une tension, d’une mise à distance. Il faut donc repenser les gestes du quotidien dans les communautés pour qu’ils gardent une intensité avec une moins grande expressivité tactile, corporelle. Concrètement dans les communautés c’est le mode d’expression des rituels qui se pose derrière les gestes barrières. C’est l’axe de cette deuxième note sur la réorganisation des cultes avec la Covid-19. Certains rituels devront certainement garder la même forme tout en diminuant leur expressivité. D’autres doivent être repensés, voire suspendus. Prenons quelques exemples dans un vaste ensemble afin de montrer les difficultés que les groupes religieux et spirituels surmontent actuellement. Je prends arbitrairement trois cas; (1) le chant, (2) la Sainte-Cène ou la Communion et (3) les relations interpersonnelles.
Eglise Adventiste
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Suite... Le défi de la réorganisation des cultes (II): Impacts sur les rituels
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Le covid-19 impose aussi au religieux un questionnement majeur
L'ensemble des grandes fêtes religieuses est remodélée en raison du Covid-19. Pâques pour les chrétiens, Pessah chez les juifs, et le Ramadan vont devoir se vivre dans une expression privée malgré leur dimension familiale, communautaire. Pourtant toutes ses fêtes sont avant tout des moments communautaires. Plus largement le coronavirus impacte l'ensemble des relations dans notre société. C'est aussi le cas pour le religieux qui a été chronologiquement la première institution sociale touchée en France via le rassemblement protestant de l'Eglise de la Porte Ouverte à Mulhouse le 17 février. L'histoire retiendra que le protestantisme a été "un amplificateur" de la pandémie en France. Cela aurait pu être un concert, un rassemblement sportif, un meeting politique! Mais que ce soit par cette chronologie malheureuse de l'épidémie et plus globalement sur les changements imposés dans les rapports sociaux, les groupes religieux, comme l'ensemble de la société, doivent faire face à un avant et un après covid-19. Il faut pour cela se rendre compte des questionnements, des problématiques que le coronavirus renvoie aux groupes religieux.
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Fake News dans l'Eglise adventiste et le monde évangélique (III)
Les fakes news vous l’avez compris sont de plus en plus présents dans notre environnement y compris dans la sphère religieuse. Il devient parfois impossible de faire le distinguo entre réalité et fake news. Les premières se diffusent à une vitesse pharaonique au point que sa grande répétition rend parfois complexe, voir impossible sa vérification. Le travail d’analyser, d’informer devient ainsi de plus en plus complexe également. Les églises sont conscientes des enjeux.
La récente publication par le Département de la Liberté Religieuse et des Affaires Publiques de la Fédération des Eglises adventistes de la Guadeloupe en est une illustration. Les groupes religieux doivent faire face à la même problématique rencontrée dans l’enseignement, le journalisme ou encore la géopolitique. Derrière chaque fake il y a une naïveté parfois, mais de plus en plus une intentionnalité qui vise à distiller de fausses informations pour tromper, manipuler et même déstabiliser. -
Nouveau tirage de "Regards croisés sur l'Eglise adventiste du septième jour"
Mon dernier livre Regards croisés sur l'Eglise adventiste du septième jour » sera rapidement réimprimé pour faire face à votre demande. En attendant vous pouvez le télécharger chez les libraires en ligne.
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Ordination des femmes pasteures adventistes: la belle initiative Suisse
En juillet 2015 les délégués internationaux de l'Eglise adventiste réunis en synode rejetaient l'ordination des femmes pasteures dans un climat tendu (Voir la note que je publiais sur ce sujet). La Fédération Suisse Romandes et du Tessin (FSRT) propose aujourd'hui à l'Union des Eglises adventistes d'accepter l'ordination des femmes. Les enjeux sont multiples et illustrent également le champ (au sens de Pierre Bourdieu) pastoral. Et c'est ce point qui intéresse objectivement, mais qui ne peut être sans échos subjectif.La décision du Comité directeur de la FSRT a été reprise par Evangélique info de manière brève. Le compte rendu sous forme de bulletin d'nformation du comité directeur de la FSRT via sa publication Direct News du 9 février 2016 est plus explicite. Son contenu court et dense est un véritable outil d'étude à archiver par les chercheurs en sciences sociales. Simple, d'aspect classique, le Direct News marquera certainement un tournant de l'histoire adventiste en Europe francophone et certainement à l'échelle mondiale. Je m'explique (lisez la suite impérativement) :
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Suite des défis de l'adventisme. (V) « Faire réseaux localement » en respectant le balancier identitaire.
Le dilemme adventiste a été depuis longtemps souligné par Henri Desroche dans son étude sur les millénarismes. Les groupes millénaristes, dont les adventistes en sont un exemple fort, espèrent la parousie. Ils croient en la venue (retour) du messie pour installer un nouvel ordre mondial où l'harmonie en toutes les instances du vivant seront une réalité. C'est l'instauration du paradis que j'ai très mal résumé ici (mais ce n'est pas l'important).
Le paradis n'étant pas de ce « monde », faut-il s'investir pour son évolution. La réponse millénariste est souvent double, comme c'est le cas dans l'adventisme. Premièrement, il est nécessaire de sensibiliser tous les individus pour qu'ils aient une ascèse (une pratique religieuse, citoyenne et une moralité) en phase avec les exigences théologiques, comprises par le groupe à la lumière de la lecture du texte biblique et de son histoire. Pour y arriver il faut s'investir, se rapprocher des individus, s'impliquer dans la vie sociale. A contrario, cela demande un paradoxe. Il faut sensibiliser tout en se démarquant. Sensibiliser les acteurs sociaux sur l'inéluctabilité de la fin de ce monde impose de prendre des distances avec la société. En même temps il ne faut pas trop s'écarter de celle-ci pour toucher les individus. Il faut bien comprendre que se démarquer est essentiel. C'est un acte qui pose bien la différence du groupe, son identité par rapport aux autres discours religieux. Prendre de la distance, en plus de son éventuelle légitimité théologique, est un acte social majeur pour bien être identifié et définit dans l'espace social. Mais trop se démarquer c'est aller à la marginalisation. Le risque serait de devenir inaudible et donc de ne pas arriver à sensibiliser. Ce serait l'échec même de la notion d'église ! Il faut trouver le juste milieu. -
Suite... Les défis nouveaux défis de l'Eglise adventiste en France (IV): La formation des cadres
La formation des cadres adventistes
C'est un chantier permanent comme pour toutes associations, structures, entreprises ou administrations. Les formations adventistes, délivrées essentiellement dans son campus de Collonges sous Salève, ouvrent aujourd'hui à la révolution épistémologique décrite ci-dessus. C'est un atout pour l'effet de génération.
La formation adventiste, disons-le, est théologiquement forte. Dans la continuité de Miller, un esprit systémique est important dans la formation adventiste. Richard Lhemann l'a magnifiquement mis en évidence dans son ouvrage sur les adventistes. De plus, l'adventisme en France est sensible à former les individus aux attentes sociales. Sur ce point, il faut saluer l'ouverture d'un master de relation d'aide. Cela correspond aux demandes sociales. La relation d'aide est ancienne dans l'Eglise adventiste. Densifier celle-ci avec l'apport des équipes d'Empreinte formation est un plus. Remarquons que des universités ouvrent des diplômes en victimologie et sur l'accompagnement psychologique. Prendre ce cap dans la formation adventiste (où une formation en psychologie existait déjà) va également permettre de bien poser les limites entre approche théologique et psychologique, tout en admettant les ponts entre ces deux domaines du savoir. -
Suite... Les nouveaux défis de l'Eglise adventiste en France (III). La révolution épistémologique (deuxième partie des défis organisationnels)
Dans les deux précédentes notes de cette série j'indiquais quelques défis pour l'Eglise adventiste. Les évolutions de la société française poussent cette communauté religieuse à amplifier les actions qu'elle mène à l'intersection du religieux et des attentes sociales. Santé, écologie, libertés fondamentales, actions humanitaires et sociales, sont des domaines où l'adventisme a une expertise. La surprise est que cette communauté valorise peu ces points.
A ce constat, je rajoutais un autre défi central : les changements dans l'organisation adventiste. Une meilleure rationalisation des dépenses et de la gestion des ressources humaines est à l'ordre du jour.
Ce constat institutionnel a des conséquences multiples. Je m'arrêterai sur quelques-uns de manière non exhaustive. Commençons par regarder des suites attendues de l'adhésion à la Fédération Protestante de France. -
Les nouveaux enjeux de l'Eglise adventiste - (I) Amplifier la réponse aux attentes sociétales
A l'occasion du 150è anniversaire de l'Eglise Adventiste plusieurs études, articles ou analyses foisonnent. Pour des interlocuteurs français et étrangers j'ai donné plusieurs interviews. C'est à s'y perdre. La dernière est celle de La Croix ou la journaliste Céline Hoyeau propose une perspective historique pour mieux poser les nouveaux enjeux de l'adventisme.
Dans la continuité de l'échange avec Céline Hoyeau les enjeux de l'Eglise adventiste en Europe francophone et principalement en France peuvent se résumer autour de quelques enjeux majeurs que je vous propose de découvrir dans une série de quelques notes (3 sont déjà rédigées). -
L'adventisme dans le rapport de la MIVILUDES (II)
A peine avoir terminé la rapide note sur la place de l'Eglise adventiste dans le rapport de la Miviludes que je suis de nouveaux questionné sur l'Eglise adventiste de tout bord. Les dirigeants adventistes vont-ils être encore susceptible et tordre mes déclarations à des fins insondables ? (Oui je fais beaucoup d'allusions à la manipulation de mes propos par l'Eglise adventiste). Je croyais être clair mais la question m'est posée par mail de façon redondante : donc je n'étais pas limpide que cela !
Non. Il est incongru que l'Eglise adventiste soit dans ce rapport car elle ne planifie pas la fin du monde pour la fin 2012. Notez que la Miviludes s'en sort en parlant de l'adventisme et sans nommer l'Eglise adventiste. Elle a un discours millénariste sur la fin des temps comme une multitude d'organisations protestantes mais ne prône pas la destruction de ce dernier. Elle laisse cette fin à l'initiative du messie (je suis très imprécis pour faire vite). Mais là où la surprise de trouver l'Eglise adventiste est plus grande c'est en raison du deuxième thème du rapport que sont les thérapies alternatives.L'Eglise adventiste peut entre autre être considérée comme une "religion de la santé" en référence à une typification de cette dernière que j'ai élaborée et qui est maintenant largement acceptée par les spécialistes. Religion dynamique dans les sciences médicales les adventistes favorisent la recherche médicales, le savoir scientifique, l'innovation thérapeutique, etc. Parmi les domaines où des médecins et chercheurs adventistes excellent il y a les thérapies médicales sur le cancer. Avec ces hôpitaux, centraux dans son système de soin, l'Eglise adventiste est de loin l'une des structures religieuses les plus en pointes sur la recherche médicale. Alors trouver, indirectement, cette église dans un rapport sur les mouvements apocalyptiques et les thérapies fallacieuses à bases religieuses est une double surprise.
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L'adventisme dans le rapport de la Miviludes
Le dernier rapport de la Mission Interministérielle de Vigilence et Luttes contre les Dérives Sectaires (DIVILUDES) vient d'être remis au Premier Ministre par son Président, George Fenech. Le rapport se penche sur les mouvements millénaristes et messianiques qu'elle résume dans la terminologie de groupes apocalyptiques.
La Miviludes dans son premier chapitre fait un tour d'horizon de l'actualité des thèmes apocalyptiques. Après avoir très sommairement rappelée quelques déclinaisons du millénarisme et du messianisme, la Miviludes insiste principalement sur l'actualité de la fin des temps autour du New Age, et avec une moindre importance sur l'adventisme. Concernant l'adventisme voici ce qui en ressort : -
L’écologie politique: une réécriture de l’écologie adventiste.
Les études des sociologues ont démontré durant tout le XXe siècle que l'on ne peut pas opposer modernité et religion. L'une influence l'autre. Les valeurs religieuses ont participé à faire émerger la modernité. De son côté la modernité a accentué une distance avec les institutions religieuses. Mais il y a des points sur lesquels les problématiques récentes de notre société ne font que relancer des acquis religieux anciens. Tel est le cas de l'écologie politique. Les écolos seraient peu à être d'accord, mais en de nombreux points l'écologie politique est une réécriture de croyances religieuses.
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Chantiers 2009
Loin d’une simple convenance : BONNE ANNEE. Souhaitons-nous déjà de nous souhaiter ce qui doit l’être en se posant des objectifs réalisables.Surchargé, je vous néglige. Je ferai mieux rassurez-vous. Quels sont les premiers sujets sur lesquels nous viendrons en ce début d’année. Je vous parlerai des ponts relationnels possibles entre l’Eglise Adventiste et l’Islam à partir de ma propre expérience comme responsable, sous la responsabilité de Régis Dericquebourg, au sein de l’Institut Avicenne des Sciences Humaines durant 2 ans. Peut-être que cela fera écho à la rencontre du même type organisée à Collonges. Je rappelle que l’Institut privée Avicenne avait pour objectif de donner une formation supérieure en théologie, droit et sciences-humaines sur le monde musulman. Je dis « avait » car l’IASH est à ce jour un vaste échec (peut-être nous y reviendrons).
Nous parlerons brièvement de la Revue Adventiste. Chandler vous a déjà proposé un développement. Mais comme j’ai partiellement travaillé sur des sommaires de la Revue durant quelques mois je vous parlerai d’un échec fort intéressant que j’ai eu en voulant analyser les Revues Adventistes. -
La santé dans l’adventisme : une action ouverte et non du prosélytisme
La question posée par un journaliste a été la suivante : comment les adventistes arrivent-ils à faire de la santé du prosélytisme ? Surpris par l’orientation de la question, j’ai répondu : « de la même manière que Sœur Emmanuelle et que le HCR » ! Il a compris que je voulais dire que sa question était fausse et qu’en cas de prosélytisme il s’agit d’une conséquence assumée, souhaitée, mais en aucun cas le but premier de l’Eglise Adventiste dans ses activités sanitaires. Sur quoi je m’appuie pour le penser ?
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L’origine des doctrines adventistes (2/2 par JL Chandler)
Quand les adventistes établissent leurs bases doctrinales durant les conférences du sabbat (1848-1850), ils font appel à plusieurs traditions protestantes qui ont pris naissance en Europe et qui se sont exportées aux Etats-Unis. Ils reprennent à leur compte l’héritage spirituel de la Réforme, la culture puritaine de la recherche biblique, la profession de foi connexioniste « la Bible est notre seul credo », le revivalisme piétiste, le confessionalisme et le principe de liberté religieuse des anabaptistes. Ils adhèrent de tout coeur, mais sélectivement sur les détails, à ces diverses traditions. Nulle cependant ne les influence davantage que la piété méthodiste.